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                 y développaient leurs réseaux socio-professionnels et n’hésitaient pas
                 à en user afin de servir leurs intérêts ou ceux de tiers.
                    Ainsi,  la  question  de  la  mobilité  professionnelle  des  notaires  de
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                 Bergame  aux  XVI et  XVII siècles  permet  de  mettre  en  exergue  les
                 réseaux  et  les  stratégies  élaborées  au  sein  de  la  collectivité.  Ces
                 pratiques n’étaient pas sans conséquences sur la vie des individus et
                 sur  le  rôle  qu’ils  jouaient  dans  la  société  urbaine.  Aussi  serait-il
                 intéressant d’analyser comment s’organisaient géographiquement les
                 mobilités  professionnelles  des  notaires  bergamasques  ainsi  que  les
                                                                                  e
                 différents types de stratégies qu’ils mettaient en œuvre aux XVI et
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                 XVII siècles.  Enfin,  l’intérêt  sera  porté  aux  conséquences  de  ces
                 mobilités sur les sociétés urbaines et rurales du distretto de Bergame.
                    À l’image des travaux publiés par Lucien Faggion et consacrés au
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                 notariat vicentin , cette étude a été menée selon une méthodologie à la
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                 fois quantitative, sérielle et qualitative , au travers du fonds d’archives
                 notariales détenu par l’Archivio di Stato de Bergame. Trois dynasties
                 de notaires ont particulièrement retenu l’attention, fournissant ainsi
                 trois larges échantillonnages 12  : les Terzi, tout d’abord, mais également
                 les Bertelli et les Guida, professionnels particulièrement actifs dans le
                 contado bergamasque.  Ainsi,  1031  actes  notariés  produits  par  les
                 praticiens  de  ces  familles  entre  1570  et  1694  ont  été  étudiés  et
                 compilés dans une base de données complète. Ainsi, la présente étude




                    9  L. Faggion, Le notaire et le consensus a Trissino (Vénétie, 1575-1580), dans G. Audi-
                                                                              e
                 sio (dir.), L’historien et l’activité notariale. Provence, Vénétie, Égypte - XV au XVIII siècles,
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                 Presses Universitaires de l’Université du Mirail, Toulouse, 2006, p. 111-127. Voir égale-
                 ment L. Faggion, Les logiques du pouvoir dans le monde rural : parente, clientèles et
                 réseaux en Terre Ferme vénitienne (1535-1629 environ), dans A. Antoine, J. Mischi (dir.),
                 Sociabilité et politique en milieu rural, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2008,
                 p. 227-238. Voir enfin L. Faggion, Notaires ruraux, notaires collégiaux et pouvoirs en Terre
                 Ferme vénitienne au XVIe siècle, L. Faggion, A. Mailloux, L. Verdon (dir.), Le notaire. Entre
                 métier et espace public en Europe (VIII – XVIII siècles), Aix-en-Provence, Publications de
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                 l’Université de Provence, 2008, p. 85-96.
                    10  Le premier historien français ayant systématisé l’usage d’une telle méthode fut
                 Jean-Paul Poisson. Voir J.-P. Poisson, Notaires et société. Travaux d’Histoire et de Socio-
                 logie Notariales, t. I, Paris, Economica, 1985.
                    11  Les évolutions historiographiques récentes ont produit nombre d’études sur le
                 notariat, dont les méthodes se sont progressivement concentrées sur l’appréciation qua-
                 litative des actes. En d’autres termes, les études se fondent désormais davantage sur
                 l’histoire des mentalités. À ce propos, voir J.-Y. Sarazin, L’historien et le notaire : acquis
                 et perspectives de l’étude des actes privés de la France moderne, «Bibliothèque de l’école
                 des chartes», t. 160 (1), 2002, p. 229-270. Voir également J. Hilaire, La science des
                 notaires. Une longue histoire, Paris, Presses Universitaires de France, 2000.
                    12  La méthode de l’échantillon représentatif, largement utilisée par les historiens du
                 notariat est considérée comme «nécessaire» par Olivier Faron. Voir O. Faron, Projet
                 d’étude des archives notariales milanaises pour la période moderne et contemporaine,
                 «Mélanges de l’École Française de Rome. Italie et Méditerranée», t. 112 (1), 2000, p. 210.


                 Mediterranea - ricerche storiche - Anno XV - Aprile 2018       n.42
                 ISSN 1824-3010 (stampa)  ISSN 1828-230X (online)
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