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26 Romain Borgna
Introduction
La question des mobilités professionnelles au sein des sociétés
d’Ancien Régime permet de mettre en évidence les acteurs ainsi que les
stratégies destinées à servir des intérêts communautaires, personnels
ou individuels. C’est particulièrement le cas pour les notaires. Détenant
leurs prérogatives de la puissance publique, ces officiers publics jouaient
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un rôle social essentiel au sein du distretto de Bergame aux XVI et
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XVII siècles. Considérés comme de véritables «traducteurs des mécanismes
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sociaux », ces praticiens du droit étaient un pivot de la société civile, en
cela qu’ils étaient au fondement de la normalisation des faits sociaux et
un relais privilégié entre les pouvoirs publics et les individus. La
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profession était établie et organisée par des Statuti (Statuts) et contrôlée
par une institution provinciale centrale, le Collège des Notaires de
Bergame, elle-même réglée par le droit vénitien depuis l’intégration de
la ville et de son contado au territoire de la Terre Ferme au début du
e
XVI siècle. Dès lors, la pratique notariale bergamasque dans son
ensemble, aussi bien urbaine que rurale, était structurée juridiquement,
socialement et territorialement autour de la cité de Bergame. Les
notaires étaient donc amenés à se déplacer fréquemment au sein du
distretto et à manipuler quotidiennement les échelles géographiques
dans le cadre de leur pratique professionnelle. En cela, la problématique
de la mobilité de ces praticiens du droit se révèle essentielle.
Les notaires accordaient une importance toute particulière au
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territoire de Bergame entre le XVI et le XVII siècles. Situé aux confins
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de la République de Venise, le distretto bergamasque était marqué par
une tension forte entre urbanité et ruralité. Les notaires locaux savaient
composer avec les frontières et la porosité entre ville et contado pour
organiser au mieux leur pratique professionnelle, comme l’a notamment
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démontré Marino Berengo . Le cas italien, véritable «front pionnier
1 En Terre Ferme vénitienne, le distretto, traduisible en français par district, était
une circonscription administrative, équivalente territorialement aux provinces italiennes
actuelles. Voir R. Borgna, Le contrat notarial foncier et agraire en Terre Ferme vénitienne:
crédit, usure et solidarités socioéconomiques (Sarnico, 1694-1695), «Gnomon, Revue inter-
nationale d’histoire du notariat», 183, avril-juin 2015, p. 17.
2 L. Faggion, Les logiques du pouvoir dans le monde rural: parenté, clientèles et réseaux
en Terre Ferme vénitienne (1535-1629 environ), dans A. Antoine, J. Mischi (dir.), Sociabilité
et politique en milieu rural, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 2008, p. 235.
3 À ce propos, voir J. Schiavini Trezzi, Dal collegio dei notai all’archivio notarile: fonti
per la storia del notariato a Bergamo (secoli XIV-XIX). Inventario dell’archivio Collegii Nota-
riorum Bergomii institutio et ordines... 1636, Bergame, Provincia di Bergamo, 1997. La
question a également été abordée par Marino Berengo (voir infra, p. 26, n. 4).
4 M. Berengo, Lo studio degli atti notarili dal XIV al XVI secolo, «Fonti medioevali e
problematica storiografica. Atti del congresso internazionale tenuto in occasione del 90°
anniversario della fondazione dell’Istituto Storico Italiano (1883-1973)», Roma 1976.
Mediterranea - ricerche storiche - Anno XV - Aprile 2018 n.42
ISSN 1824-3010 (stampa) ISSN 1828-230X (online)