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42 Romain Borgna
vécu. La seule différence étant qu’il était obligé de faire appel à ses
cercles d’amitiés et de sociabilités afin de rendre l’acte légitime, et
donc d’outrepasser la problématique de la mobilité. Ainsi, d’une
certaine manière, les amitiés suffisaient à annihiler les distances et à
légitimer des transactions, transcendant la nécessité des mobilités.
Des stratégies notariales proposées aux clients
D’autre part, les notaires bergamasques n’agissaient pas
nécessairement pour leur propre compte, celui de leur famille ou de
leurs amis. En tant que professionnels du droit et référents au sein de
la société, ils avaient un devoir de conseil envers leurs clients. Aussi
devaient-ils mettre en place des stratégies destinées à servir au mieux
les intérêts de ces derniers. En cela, les mobilités pouvaient se révéler
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extrêmement intéressantes. En effet, à la fin du XVII siècle, le notaire
Giuseppe Guida semblait considérer ses déplacements provinciaux
réguliers comme une véritable spécialité. Plus précisément, il élabora
son office notarial comme un exercice frontalier entre les distretti de
Bergame et de Brescia. D’une certaine manière, les clients pouvaient
alors connaître Giuseppe Guida pour cela, et il leur était possible de
mettre au point des stratégies visant à jouer sur le caractère frontalier
de leur région pour servir au mieux leurs intérêts socioéconomiques.
Ainsi, il n’était pas rare d’observer des habitants des petites
communautés rurales frontalières comme Sarnico acheter des terres
en territoire brescian et vice-versa. Le 8 mars 1695, Gio Panolo,
Alessandro, Pietro et Gio Giacomo Bertelli de Sarnico, tous frères, ont
vendu chacun un livello à Gio Batta Alberici de Sarnico, et à ses
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neveux Francesco et Antonio Tomaso Alberici de Bergame . Élément
intéressant: les terres concédées, «aradre et in parte boschine», «arables
et en partie boisées», se situaient à Paratico, de l’autre côté de l’Oglio,
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dans le district de Brescia . Le notaire s’est lui-même déplacé afin de
faire enregistrer cet acte non pas en pays bergamasque, mais à
quelques centaines de mètres, de l’autre côté de la frontière! Il
semblerait que la volonté de réaliser une bonne affaire, plus intéressante
qu’elle aurait pu l’être dans le distretto de Bergame, ait motivé les
acheteurs, qui avaient l’intention de concéder l’usage de la terre à une
multitude de villageois de Paratico, moyennant le paiement annuel
d’un fitto individuel couvrant, dès la première année, le prix total de la
72 Asb, An, Giuseppe Guida, c. 5638, f° 69.
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73 Voir annexe n° 1, «Carte du distretto bergamasque (XVI – XVII siècles)», p. 45.
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Mediterranea - ricerche storiche - Anno XV - Aprile 2018 n.42
ISSN 1824-3010 (stampa) ISSN 1828-230X (online)