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par leur «pluriactivité », étaient en ce sens en perpétuelle recherche
de reconnaissance au sein des sociétés. Aussi faut-il considérer ce
désir de notoriété sous l’angle d’une stratégie familiale de renforcement
de la «notabilité»:
Fréquemment, ils appartenaient à des familles localement importantes: il
s’agissait de familles de propriétaires fonciers, de clercs [...], de trafiquants, de
marchands, de membres actifs des conseils des communautés, et des confraternités
locales; des familles souvent déjà «notables», qui se préoccupaient aussi «de
diversifier les activités des fils, dans l’optique d’assurer la continuité de la lignée
au sein des hauts niveaux de la hiérarchie sociale», et qui prévoyaient que
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quelques-uns de leurs membres embrassent la profession notariale .
Ainsi, afficher son appartenance à une famille revient également à
faire valoir son appartenance à une communauté locale. Les Bertelli
de Sarnico appartenaient par exemple à une lignée de propriétaires
terriens. Certains individus faisaient même partie du Consiglio de la
communauté villageoise, de l’Oratoire Santo Stefano de Sarnico ou
encore de la Confraternità del Confalone di Santa Maria Maddalena.
Cette insertion multiple et profonde au sein des sociabilités locales,
marquée par la «fabrique du lien social» , a été facilitée par la
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présence de notaires au sein de la famille, mais aussi par le fait que
ces derniers aient consacré l’essentiel de leurs mobilités à l’espace
local de la comunità. Les exemples des familles Terzi et Bertelli permet
d’illustrer ce phénomène d’ancrage territorial des familles de notaires
au sein de leurs espaces locaux, qu’il s’agisse de la ville de Bergame
en elle-même (famille Terzi) ou du contado (famille Bertelli), à l’instar
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de ce qu’a démontré Claire Dolan pour les notaires aixois .
59 G. Chittolini, Piazze notarili minori in area lombarda. Alcune schede (secoli XIV-XVI),
dans Vito Piergiovanni (dir.), Il notaio e la città. Essere notaio: i tempi e i luoghi (secc. XII-
XV), Atti del Convegno di studi storici (Genova, 9-10 novembre 2007), Studi storici sul
notariato italiano, XIII, Milan, Giuffrè Editore, 2009, p. 69.
60 Ibid. Citation originale: «Spesso appartenevano a famiglie localmente ragguardevoli:
erano famiglie di proprietari fondiari, di chierici [...], faccendieri, mercanti, membri attivi
dei consigli delle comunità, e delle locali confraternite; famiglie spesso già “notabili”, che
si preoccupavano anche “di differenziare le attività dei figli, in modo da assicurare la conti-
nuità della famiglia ai livelli alti della gerarchia sociale”, e stabilivano che qualcuno dei
loro membri attendesse alla professione notarile.»
61 A. Roullet, O. Spina, N. Szczech (dir.), Trouver sa place: individus et communautés
dans l’Europe moderne, Madrid, Casa de Velázquez, 2011, p. 4.
62 C. Dolan, Le notaire, la famille et la ville (Aix-en-Provence a la fin du XVIe siècle),
Toulouse, Presses Universitaires du Mirail,1998. Voir également C. Dolan, Actes notariés,
micro-analyse et histoire sociale : réflexions sur une méthodologie et une pratique, dans
F.-J. Ruggiu, S. Beauvalet, V. Gourdon (dir.), Liens sociaux et actes notariés dans le
monde urbain en France et en Europe (XVIe - XVIIIe siècles), Paris, Presses de l’Université
Paris-Sorbonne, Collection Roland Mousnier, 2004, p. 139-152.
Mediterranea - ricerche storiche - Anno XV - Aprile 2018 n.42
ISSN 1824-3010 (stampa) ISSN 1828-230X (online)