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Borgna (saggi)_3  25/04/18  11:47  Pagina 43






                   La carte et le calamus. Stratégies et mobilités professionnelles des notaires à Bergame  43


                   transaction – lequel s’élevait à mille huit cents liri, divisé en trois, ce
                   qui représentait une somme réellement considérable pour l’époque.
                      Ainsi,  les  frontières  physiques  ne  conditionnaient  en  rien  un
                   cloisonnement mental du territoire. Les échanges étaient multiples et
                   quotidiens, tout comme la conclusion de contrats. La clé de voûte de
                   ce système reposait sur le potentiel mobile des praticiens et de leurs
                   clients.  D’autre  part,  notaires  et  individus  savaient  parfaitement  se
                   jouer des limites et des mobilités afin de mettre au point de réelles
                   stratégies destinées à servir leurs intérêts, ceux de leur famille ou de
                   leurs proches. En outre, comme c’était le cas à Sarnico et à Paratico,
                   les habitants du monde rural bergamasque n’avaient pas l’impression
                   de  vivre  dans  deux  mondes  différents.  Ils  connaissaient  même
                   parfaitement les problématiques locales, aussi bien que leurs notaires,
                   et ils savaient très bien mettre ces moyens à leur profit. La carte, l’acte
                   notarié ou encore les sentiments étaient autant d’outils au service des
                   individus et de leurs stratégies socio-économiques les plus élaborées.
                   Ainsi, la distance géographique et la «différence sociale n’implique[nt]
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                   pas nécessairement une distance sociale ».

                   Conclusion

                      En tant qu’officiers publics, les notaires étaient de véritables points
                   d’ancrage  pour  les  populations  rurales  et  urbaines  du  distretto de
                   Bergame aux XVI et XVII siècles. La production juridique qui était la
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                   leur contribuait à traduire les mécanismes sociaux les plus élaborés
                   et à en révéler les moindres rouages. Durant la première modernité,
                   ces praticiens du droit se sont employés à s’insérer territorialement,
                   juridiquement,  culturellement  et  socialement  au  sein  des  espaces
                   locaux  dans  lesquels  ils  évoluaient.  C’est  la  raison  pour  laquelle
                   l’intégration aux sociabilités et aux réseaux régionaux, qui avait pour
                   principal  objectif  la  conservation  –  ou  le  gain  –  d’une  prééminence
                   sociale, se révéla nécessaire.
                      Toutefois,  cette  insertion  et  cette  élévation  sociales  ne  purent
                   s’accomplir qu’avec la prise en compte par les notaires de leur potentiel
                   mobile. En fonction des affaires qu’ils devaient instrumenter et des
                   actes qu’ils devaient enregistrer, mais également en fonction du niveau




                      74  A. Roullet, O. Spina, N. Szczech (dir.), Trouver sa place: individus et communautés
                   dans l’Europe moderne, Madrid, Casa de Velázquez, 2011, p. 4. Voir aussi J. M. Imízcoz
                   Beunza, Communauté, réseau social, élites. L’armature sociale de l’Ancien Régime, dans
                   J. L. Castellano, J.-P. Dedieu (dir.), Réseaux, familles et pouvoirs dans le monde ibérique
                   à la fin de l’Ancien Régime, Paris, Cnrs Éditions, 1998, p. 31-66.


                   n.42                            Mediterranea - ricerche storiche - Anno XV - Aprile 2018
                                                           ISSN 1824-3010 (stampa)  ISSN 1828-230X (online)
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