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536 Recensioni e Schede

mes, construite par la robe. Il livre femmes et comment il reflète les at-
ainsi, dans un style définitivement tentes sociales. Et dans tous les cas,
moins hermétique que celui de la robe obéit à un contexte.
Roche, une analyse qui est davantage L’abito femminile. Una storia cultu-
celle de la construction du rôle social rale est organisé chronologiquement
des femmes à travers l’image de leur autour de six grandes périodes, qui
corps que celle du quotidien matériel couvrent l’histoire de la société occi-
et économique de celles qui endos- dentale du XIII e siècle au XXI e siècle.
sent les variantes des modes de leurs Le point de départ de la réflexion de
époques. Sa réflexion s’étend jusqu’au Georges Vigarello se situe donc au
XX e siècle alors que s’affirme le pan- Moyen Âge, qu’il qualifie comme la
talon comme vêtement féminin, reflet période où émerge et s’impose l’arti-
d’une société où les femmes revendi- fice dans le vêtement féminin. Les re-
quent l’égalité des sexes. Un pantalon présentations repêchées dans les
qui devient un symbole de cette lutte imageries des manuscrits enluminés
politique; ici Vigarello ne s’aventure et sur des tapisseries montrent com-
pas dans une analyse genrée comme ment les robes adhèrent au buste, de
celle de Christine Bard (Une histoire manière à accentuer la silhouette et à
politique du pantalon et Ce que sou- montrer les lignes de la partie haute
lève la jupe, 2010). À la suite de Bard, du corps. Une claire séparation entre
toutefois, il soutient que la robe – la partie supérieure et la partie infé-
comme le pantalon – est socialement rieure de la robe apparait : la taille est
construit et agit en tant que symbole modelée pour être rétrécie alors que
de pouvoir. Mais il ne s’avance pas la jupe s’élargit. Il se crée ainsi une
sur le terrain des luttes de genre con- symétrie entre la jupe et les épaules,
temporaines et des enjeux politiques une géométrie qui s’affirme à la Re-
actuels. La robe et les vêtements fé- naissance. Ce vêtement s’oppose à
minins sont ainsi une lentille à tra- celui des hommes qui, lui, libère les
vers laquelle regarder l’histoire so- jambes de manière à laisser la liberté
ciale des femmes, leurs rôles symbo- de mouvement nécessaire au travail.
liques dans l’imaginaire occidental, Cette différenciation reflète la sépara-
les représentations que l’on se fait tion sociale des rôles de genre:
d’elles ainsi que les sociabilités qui l’homme travaille alors que la femme
caractérisent leur existence, dans est un apparat décoratif.
une perspective qui rejoint l’Histoire La seconde partie porte sur les
des femmes en Occident de Georges XVII e et XVIII e siècles, alors que s’af-
Duby et Michelle Perrot (1990-1991). firme la prépondérance du buste, la
La problématique du livre est celle partie supérieure du vêtement fémi-
du croisement entre l’évolution des nin. C’est ce que Vigarello a nommé le
formes et des modes du vêtement fé- dispositif du piédestal : le visage est
minin et les grands changements de une fleur, le buste une stèle, et la jupe,
l’histoire de femmes et de la société un ample support (p. 41). Ce dispositif
occidentale : pourquoi certains élé- en vase de fleur s’affirme avec des cor-
ments se transforment, apparaissent sets de plus en plus rigides et un élar-
ou disparaissent? L’objectif est donc gissement de la partie basse. La
de voir, à partir d’un riche corpus de contre-réforme intervient brièvement
textes littéraires, de gravures, de dans les années 1635-45 pour règle-
peintures, puis de revues de mode menter les dimensions des jupes, mais
pour les périodes plus récentes, com- dès la seconde moitié du XVII e siècle,
ment le vêtement est utilisé par les elles s’élargissent de nouveau. Ce

Mediterranea - ricerche storiche - Anno XVII - Agosto 2020
ISSN 1824-3010 (stampa) ISSN 1828-230X (online)