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                ne voulons pas ici rouvrir le débat sur la réalité ou non du processus
                de modernisation, sécularisation et rationalisation de la charité iden-
                tifié par Max Weber en relation avec la Réforme . Comme l’a souligné
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                Thomas Max Safley, une telle lecture, fondée sur « des dichotomies
                claires entre sacré opposé à séculier, rationnel opposé à irrationnel,
                charismatique opposé à bureaucratique » explique finalement très peu
                et  constitue  une  réification  d’une  évolution  linéaire  qui  n’a  jamais
                existé » .  Comme  l’ont  montré  bon  nombre  d’études,  la  coexistence
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                entre motivations religieuses et séculières est souvent présente dès la
                fin du Moyen Âge et perdure jusqu’à la fin de l’époque moderne au
                moins, dans différents types d’institutions charitables dont le secours
                aux pauvres au nom de la religion chrétienne est toujours l’horizon,
                que leur administration soit publique, ecclésiastique ou privée.
                   Les articles regroupés dans ce numéro prennent donc en compte
                toutes sortes d’institutions charitables dont le but est de subvenir aux
                pauvres, quelques soient les caractéristiques de leur administration et
                de leur fonctionnement. Nous voulons insister sur le fait que, quelle
                que soit la nature, cléricale ou laïque de leur gouvernement, il n’y avait
                pas d’antithèse entre « religion » et « travail », ces deux aspects étant
                totalement imbriqués. Comme y insistait encore une fois Safley, « les
                ministres calvinistes ou les soeurs catholiques ne voyaient aucune di-
                chotomie entre la rationalisation économique et les motivations reli-
                gieuses » . C’est bien pour cela que nous avons décidé de prendre en
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                compte différents types d’institutions, les orphelinats, bien sûr, mais
                pas seulement : les « hôpitaux », et notamment ceux qu’au XVII  siècle
                                                                             e
                on dénomme « hôpitaux généraux » en France, « auberges ou hospices
                des pauvres » en Italie ou dans le monde ibérique, mais aussi les mai-
                sons de correction, les maisons religieuses pour femmes (conservatori),
                particulièrement nombreux en Italie . Nous avons fait le choix en effet
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                   2  M. Weber, L' etica protestante e lo spirito del capitalismo, Rizzoli, Milano, 1997.
                   3  T. M. Safley (ed.), The reformation of charity cit., pp. 3-11 (traduction des auteurs
                de cet article).
                   4  Ivi, p. 195.
                   5   Il  serait  présomptueux  de  citer  toutes  les  études  sur  ce  sujet,  nous  renvoyons
                principalement à G. Politi, M. Rosa (a cura di), Timore e carità. I poveri nell’Italia mo-
                derna, Linograf, Cremona, 1982; L. Ghezi Fabbri, Lavoro obbligato e lavoro coatto nella
                Legazione di Bologna (secc. XVI e XVII), in Simonetta Cavaciocchi (a cura di), L’impresa:
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                Pullan, Poveri, mendicanti e vagabondi (secoli 14.-17.), Einaudi, Torino, 1978; D. Lom-
                bardi, Povertà maschile, povertà feminile: l’ospedale dei Mendicanti nella Firenze dei Me-
                dici, Il Mulino, Bologna, 1988; S. J. Woolf, Porca miseria: poveri e assistenza nell'età
                moderna, Laterza, Roma, 1988; S. Cavallo, Charity and Power in Early Modern Italy:
                Benefactors and their Motives in Turin, 1541-1789, Cambridge University Press, Cam-
                bridge, 1995; V. Zamagni (a cura di), Povertà e innovazioni istituzionali in Italia. Dal Me-
                dievo ad oggi, Il Mulino, Bologna, 2000 ; L. Mocarelli, L’esperienza delle case di lavoro



                Mediterranea - ricerche storiche - Anno XVII - Aprile 2020
                ISSN 1824-3010 (stampa)  ISSN 1828-230X (online)
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