Page 88 - Mediterranea-ricerche storiche, n. 48, aprile 2020flip
P. 88
88 Andrea Caracausi, Corine Maitte
payés par l’Art de la Soie . On se trouve bien dans le cas d’institutions
13
opérant comme de véritables centres d’apprentissage « alternatifs »
aux corporations, là où elles existent, épargnant ainsi aux artisans,
aux entrepreneurs, aux jeunes les coûts liés à cette phase .
14
3. Surtout, de grands ateliers peuvent être mis en place pour fa-
briquer toutes sortes de produits -finis ou semis-finis- qui sont vendus
à l’extérieur pour le compte de l’établissement : introduits de façon
parfois précoce (notamment à Florence), ils sont une source de finan-
cement dont on a souvent dit qu’elle est minime, mais cela reste à
vérifier et à préciser. Un grand nombre des articles ici réunis se con-
centre sur la façon dont certaines de ces institutions agissent comme
de véritables « proto-fabriques » où sont employés de larges groupes
de travailleurs, dans des formes concentrées ou disséminées, dans
une variété de relations de travail (depuis le travail dit « libre » jusqu’au
travail contraint, depuis le travail salarié jusqu’au travail indépen-
dant, en passant par le « bénévolat ») et de branches professionnelles
(du filage au tissage, de la dentelle à la production de rubans, de la
confection de chaussures à l'habillement et à la chapellerie). Il faut
alors aussi se demander comment s’écoulent les biens manufacturés
produits par ces institutions, dans la mesure où ils peuvent directe-
ment entrer en concurrence avec ceux d’autres producteurs locaux,
notamment ceux des corporations qui s’en plaignent parfois.
4. Dans une catégorie très proche, on trouve aussi des travaux
destinés à d’autres institutions. En effet, il peut y avoir circulation de
biens et de produits entre institutions, dont les requis qualitatifs sont
sûrement différents par rapport aux commissions externes privées ou
aux ventes sur le marché.
5. Enfin, souvent introduits de façon plus ou moins subreptice,
des travaux sur commission de l’extérieur pour le compte des reclus :
dans quelle mesure sont-ils alors tolérés ? Quel rapport avec les tra-
vaux officiellement prévus par l’institution ? Entrent-ils en conflit car
les uns seraient pour les « pensionnaires » plus rémunérateurs, voire
plus honorables ? C’est sur cette « zone grise » que l’on possède sans
doute le moins d’informations, même si l’étude d’Angela Groppi par
13 L. Marcello, Andare a bottega. Adolescenza e apprendistato nelle arti (sec. XVI-
XVII), in O. Niccoli (a cura di), Infanzie. Funzioni di un gruppo liminale dal mondo classico
all’età moderna, Ponte alle Grazie, Firenze, 1993, pp. 231–251.
14 T. M. Safley, Charity and Economy in the Orphanages of Early Modern Augsbourg,
Humanities press, Boston, 1997; T. M. Safley, Children of the Laboring Poor. Expectation
and Experience among the Orphans of Early Modern Augsbourg, Brill, Leiden, 2005; C.
H. Crowston, L'apprentissage hors des corporations: les formations professionnelles al-
ternatives à Paris sous l'Ancien Régime, «Annales. Histoire, Sciences Sociales», 60 (2005),
2, pp. 409-441.
Mediterranea - ricerche storiche - Anno XVII - Aprile 2020
ISSN 1824-3010 (stampa) ISSN 1828-230X (online)