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Les institutions charitables comme lieux de travail, XVI -XX siecle 87
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dispositifs de travail : c’est une façon d’inverser la perspective domi-
nante qui nous semble aussi particulièrement féconde, comme le
montre par exemple l’étude d’Anne Conchon sur les ateliers de charité
français de la seconde moitié du XVIII siècle .
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Il nous semble donc utile de questionner à nouveaux frais, au re-
gard des questions émergentes en histoire du travail, mais aussi dans
le monde actif actuel autour des questions de bénévolat, travail carcé-
ral, travail des mineurs etc., la façon dont ces institutions géraient le
labeur des pauvres, le formaient, l’utilisaient . Bien peu nous semble
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avoir été fait pour comprendre de façon approfondie comment les
“pauvres” –femmes, enfants, hommes invalides– gérés par ces institu-
tions s’inséraient –ou ne s’inséraient pas– sur les marchés locaux de
la main-d’oeuvre. Il faut en effet souligner la multiplicité des occasions
de travail fournies par ces institutions qui parfois envoient leurs
« hôtes » travailler à l’extérieur, comme apprentis, domestiques, voire
comme main-d’œuvre d’appoint pour certaines manufactures. Mais
souvent, elles en gardent une grande partie sous leurs toits en les oc-
cupant à des tâches variées. Sans même compter le travail des comp-
tables, gestionnaires, encadrants etc., qui peuvent parfois être d’an-
ciens ou d’anciennes convives, on peut trouver dans ces institutions
au moins quatre, si ce n’est cinq, grands types de labeurs, plus pré-
gnants dans les établissements chargés des filles :
1. Les travaux liés aux besoins internes de l’institution : outre
nettoyer, laver, cuisiner, ranger, il faut aussi filer, tisser, coudre pour
les besoins des reclus. Souvent confiés aux plus petits, aux invalides,
aux vieux, si ce n’est à des personnes spécialement rétribuées, ils peu-
vent l’être aussi aux femmes les plus habiles qui organisent parfois,
dans les maisons les plus nombreuses, le travail d’un certain nombre
de pensionnaires .
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2. L’apprentissage en interne par l’intermédiaire de maîtres ou de
maîtresses recrutés exprès. C’est ce qui se passe, par exemple, à
l’Hôpital des Innocenti de Florence où, pour les plus jeunes notam-
ment, des maîtres et maîtresses sont payés pour officier à l’intérieur
de l’Hôpital dans les « boutiques de la maison », notamment celles de
cordonnerie, charpenterie, tissage, voire jardinage et horticulture pour
les garçons et tissage de la soie pour les filles, les maîtres étant alors
10 A. Conchon, Les travaux publics comme ressource : les ateliers de charité dans les
dernières décennies du xviii e siècle, «Mélanges de l’École française de Rome - Italie et
Méditerranée modernes et contemporaines», 123 (2011), 1, pp. 173-180.
11 C. De Vito, A. Lichtenstein (a cura di), Global Convict Labour, Brill, Leiden, Boston,
2015.
12 N. Terpstra, L’infanzia abbandonata cit., pp. 165 e sgg.
Mediterranea - ricerche storiche - Anno XVII - Aprile 2020
ISSN 1824-3010 (stampa) ISSN 1828-230X (online)