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Donner du travail aux pauvres : les logiques laborieuses dans les institutions... 119
Paradoxalement, c’est avec le gouvernement « libéral » et d’orientation
nettement physiocratique de Pierre Léopold que la Congrégation reçoit
des subsides permanents et importants. Pour faire face à la misère
née de la crise frumentaire de 1765, et à l’anémie plus générale des
activités manufacturières du grand-duché, le Magistrat des Nove invite
en 1767 toutes les communautés à donner du travail aux pauvres par
le biais de réparations des édifices publics, de chantiers fluviaux ou
routiers, de travail textile gérés par des entrepreneurs privés : des so-
lutions proches des ateliers de charité organisés en France . À Flo-
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rence même, des chantiers routiers sont entrepris et l’action de la Con-
grégation redouble. Le grand-duc lui accorde 10 000 écus, bien plus
que les 1170 accordés à des entrepreneurs privés des communautés
toscanes. En même temps, et malgré l’aversion proclamée pour les
privilèges exclusifs, il lui concède l’approvisionnement exclusif de la
Cour en produits de lin, chanvre et coton . En 1772, c’est encore la
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Congrégation qui sert de relais pour tenter de relancer la soierie, par
l’intermédiaire d’un prêt de 4000 écus, mais cela semble un échec. À
partir de 1777, la Depositeria lui verse annuellement 1000 lires, avant
qu’en 1782 un nouveau prêt –énorme– de 30 000 écus lui soit accordé
pour relancer l’activité lainière désormais atone de la capitale . En
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1783, s’y ajoutent une fabrique de rubans, une autre de chapeaux de
paille et une troisième enfin de tapis de laine, sans compter les toiles
et cordage de chanvre à Pratolino. Selon ses détracteurs, la tentative
aurait été un échec et les deux autres entreprises lainières que gérait
la Congrégation auraient ensuite été fermées pour être réunies dans
un vaste établissement d’art de la laine dont la partie concentrée est
installée dans la Fortezza da Basso : l’alliance entre concentration et
dispersion du travail ressemble à s’y méprendre à ce que les entrepre-
neurs florentins pratiquent depuis des siècles. L’entreprise a alors pris
90 A. Conchon, Les travaux publics comme ressource : les ateliers de charité dans les
dernières décennies du xviii e siècle, « Mélanges de l’École française de Rome - Italie et
Méditerranée modernes et contemporaines », 123 (2011), 1, pp. 173-180. Les relations
entre le gouvernement de Pierre Léopold et les milieux physiocrates français sont très
importants. Il n’est pas donc indifférent que le rescrit du 16 mars 1767 préconise que
les travaux routiers soient effectués par les « braccianti solamente, che sono abitanti del
vicariato, comunità e popolo dove si fa il lavoro ad esclusione degli estranei, e dei lavo-
ratori della terra di quella tal giurisdizione, quando possano essere impiegati dai loro
padroni » cf. V. Zobi, Storia civile della Toscana dal 1737 al 1848, Firenze, 1852, II, p.
41. Bien entendu, la réforme entreprise par le frère de Léopold, Joseph II, dans ses États
dans les années 1779-80, fut aussi étudiée et commentée en Toscane, comme le prouve
certaines relations conservées aux archives d’État de Florence (Asf, Segreteria di gabi-
netto, III, ins. 3, 4, 8) cf. L. Cajani, L’assistenza ai poveri cit., note 76, p. 203.
91 L. Cajani, L’assistenza ai poveri cit., pp. 200-201.
92 28 000 écus de la Depositeria et 2000 de la poche personnelle du grand-duc, L.
Cajani, L’assistenza ai poveri nella Toscana settecentesca cit., p. 201.
Mediterranea - ricerche storiche - Anno XVII - Aprile 2020
ISSN 1824-3010 (stampa) ISSN 1828-230X (online)