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120 Corine Maitte
des dimensions importantes, tant sur le plan industriel que social
puisqu’elle aurait donné du travail à plus de 2700 personnes grâce à
un capital de plus de 120 000 écus : sans doute le plus gros pour-
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voyeur d’emplois florentin . On comprend que lorsqu’après le départ
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de Pierre Léopold, l’un de ses plus proches conseillers, Francesco Ma-
ria Gianni, tente de remettre en cause l’institution, sa maison est prise
d’assaut : il ne doit la vie sauve qu’à son absence – du moins est-ce ce
qu’il affirme ensuite, dans une claire volonté de délégitimation des ré-
voltés . Comme d’autres réformateurs du XVIII siècle, avant ceux du
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XIX siècle, Gianni est anxieux de ne pas laisser germer l’idée selon
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laquelle le travail est un droit, ce qui pourrait rendre les pauvres dan-
gereux. Au contraire, selon lui, le paupérisme est dans une certaine
mesure une nécessité, si ce n’est un bien, car les entrepreneurs peu-
vent ainsi disposer d’une main-d’œuvre à bas coût…
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7. Conclusion
L’ensemble formé par le réseau dense des institutions caritatives
florentines montre les multiples formes de travail qu’elles développent,
que ce soit à l’intérieur de leurs murs ou dans la ville. Plus qu’elles ne
se succèdent, ces différentes formes d’intervention s’entremêlent au
XVIII siècle les unes avec les autres selon des logiques multiples liées
e
aux besoins et aux possibilités financières des institutions, aux carac-
téristiques des populations concernées (âge, sexe, légitimité ou non,
existence ou non de relations sociales externes…). De ce point de vue,
on ne peut que souligner la diversité du destin des garçons et des filles.
Pourtant, l’idée que les femmes aussi doivent pouvoir gagner leur vie
et subvenir aux nécessités des institutions qui les accueillent est bien
présente dans cette société très patriarcale . De même, les formes de
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93 L. Passerini, Storia degli stabilimenti di beneficenza cit., p. 77.
94 Et pourtant bien plus modeste sans doute que ce qui est fait à Naples à L’Hôpital
des pauvres cf. B. Marin, Poverty, Relief and Hospitals in Naples, in the 18th and 19th
C., in O. P. Grell, A. Cunningham, B. Roeck (ed.), Health care and poor relief in 18th and
19th century Southern Europe, Ashgate, Aldershot (GB), 2005, pp. 208-228 où, selon
Giuseppe Maria Galanti, 900 000 ducats sont dépensés dans la 2 nde moitié du XVIII e
siècle, p. 219.
95 F. M. Gianni, Memoria sul tumulto accaduto in Firenze il di 9 maggio 1790, in Scritti
di pubblica economia storico-economici e storico-politici del senatore Francesco Maria
Gianni, Firenze, 1848, I, p. 210.
96 F. M. Gianni, Discorso sui poveri, in Scritti cit., pp. 169-95.
97 Voir sur ce sujet les nombreux travaux récents et notamment ceux d’A. Bellavitis,
Il lavoro delle donne nelle città dell’Europa moderna, Roma 2016 ou B. Zucca Micheletto,
Travail et propriété des femmes en temps de crise (Turin, XVIII e siècle), PURH, Rouen,
2014.
Mediterranea - ricerche storiche - Anno XVII - Aprile 2020
ISSN 1824-3010 (stampa) ISSN 1828-230X (online)