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                des institutions –qui d’ailleurs se spécialisent bien souvent dans l’aide
                à l’un ou l’autre sexe– qu’à l’extérieur. Elle est présente à la fois dans
                le type de travaux confiés aux filles et aux garçons et dans les lieux du
                travail. On envoie bien plus facilement les garçons travailler à l’exté-
                rieur des murs dans les boutiques artisanales que les filles (Maitte,
                Pellegrino). À l’intérieur des murs, il n’est évidemment pas question de
                favoriser des promiscuités dangereuses, alors que le monde des ate-
                liers et des fabriques est, lui, bien plus mélangé qu’on ne l’a longtemps
                cru. De grands espaces de travail sont donc prévus au sein d’édifices
                souvent construits ou réaménagés ad hoc, montrant la volonté précoce
                d’organiser des lieux distincts pour le travail et pour les autres activi-
                tés, notamment la prière (Rossi).
                   Ces distinctions sexuelles se doublent de partages moraux et so-
                ciaux. Martinat souligne également que l’institution lyonnaise opère
                une nette distinction entre les jeunes filles légitimes (les « Catherine »)
                et  illégitimes  (« Thérèse ») :  alors  que  les  premières  sont  parfois  ap-
                prenties des métiers (couturières, chapelières, passementières etc.) ou
                tisseuses dans la Grand Fabrique de soie, les autres sont employées
                comme main-d’œuvre de base de la Grande Fabrique (tireuses notam-
                ment), sans aucun espoir d’ascension . La question des distinctions
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                plus ou moins subtiles opérées par les institutions en fonction des
                différences sociales, morales et de l’âge des pensionnaires est ici aussi
                au cœur des questionnements.
                   Le second ensemble de questions concerne le profil social des ges-
                tionnaires : qui sont-ils ? Sont-ils recrutés parmi le clergé ou sont-
                ils aussi des marchands ? Quel rôle ont-ils joué dans les choix pro-
                ductifs ?  Parmi  les  trois  grands  types  d’institutions  rappelés  plus
                haut, il n’y a pas, nous semble-t-il, de modèles nettement différenciés
                et l’on peut trouver des entrepreneurs liés à des institutions ecclé-
                siastiques et vice-versa. Pour reprendre l’exemple turinois, la fabri-
                cation  de  drap  fut  introduite  en  1698  dans  l’Hôpital  de  Charité :
                d’abord gérée directement par le gouvernement, elle fut concédée en
                1702 au flamand Cornelius Wanderkrich qui y développa la produc-
                tion de draps militaires et de couvertures, d’ailleurs vendus essen-
                tiellement à la monarchie . Une telle imbrication se poursuit loin
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                dans  le  siècle  et  se  retrouve  dans  d’autres  institutions  urbaines
                puisqu’en 1771, par exemple, les draperies des Hôpitaux de Turin
                sont aux mains des Richard, entrepreneurs drapiers venus de Sedan


                   17  M. Martinat, Travail et apprentissage cit.
                   18  M. Sodano, Degli antichi lanifici biellesi e piemontesi, Unione biellese, Biella, 1953,
                p. 138 et C. Maitte, État, territoire et industries au Piémont, 18 e  siècle, «Revue du Nord»,
                4 (2003), pp. 747-779.



                Mediterranea - ricerche storiche - Anno XVII - Aprile 2020
                ISSN 1824-3010 (stampa)  ISSN 1828-230X (online)
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