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                pourquoi ? Quelle est la part du revenu du labeur des pensionnaires dans
                le fonctionnement financier de ces institutions ? Le second regard est ce-
                lui des pouvoirs politiques, citadins et étatiques : le travail au sein de ces
                institutions s’insère-t-il dans une politique « économique » et sociale ? Ici
                comme ailleurs, les pouvoirs politiques concèdent parfois à certaines de
                ces  institutions  des  privilèges  d’exploitation  pour  des  produits  spéci-
                fiques. Cela peut leur fournir des activités de niche qui leur permettent à
                la fois d’occuper les pauvres et de subvenir à une partie de leurs besoins
                financiers.  Cela  rend  également  possible  d’acclimater  des  innova-
                tions, qu’elles concernent les produits, les techniques ou l’organisation
                même du travail. Ces institutions peuvent alors devenir un moyen d’ac-
                culturation de la main-d’œuvre captive dont elles disposent à des pro-
                ductions nouvelles, voire à de nouvelles formes d’organisation du travail.
                Nous en verrons quelques exemples au fil de cet article. Enfin, le troi-
                sième regard est celui de ceux qui travaillent. Si l’on ne demande souvent
                pas leur avis, ils peuvent néanmoins accepter plus ou moins docilement
                les travaux qu’on leur fait faire. Les filles, les garçons, les femmes et les
                hommes ne se voient pas proposer les mêmes tâches. Quelle capacité
                d’action ont-ils ? Le travail est-il toujours subi ? Et sinon, quelles sont les
                raisons des choix ? Les apprentissages qu’ils font à l’intérieur de ces éta-
                blissements peuvent-ils leur servir à devenir ou redevenir ensuite indé-
                pendants ? Comment d’ailleurs sont-ils rétribués ? C’est là une question
                importante car elle peut aussi porter à des comparaisons, voire à des
                confrontations, avec ceux qui exercent parfois les mêmes activités à l’ex-
                térieur de ces institutions : y-a-t-il alors plutôt concurrence ou complé-
                mentarité entre les activités gérées par les institutions et celles qui se
                développent sur des marchés en grande partie réglementés ?


                1. La densité des institutions de charité urbaines
                                                                   9

                   Le système institutionnel florentin « d’assistance » à l’enfance et aux
                pauvres est très vaste et peut faire figure de modèle dès le XVI  siècle .
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                La rationalité de ce système est toute relative car il existe une multiplicité
                d’institutions, de nature variée, laïques pour l’essentiel, qui n’ont pas été
                pensées dans un dessein d’ensemble. Leurs « assistés » se superposent
                plus qu’ils ne s’excluent. Comme en pays protestants, le XVI  siècle est
                                                                          e


                   9  Je renvoie principalement à D. Lombardi, Poveri a Firenze cit. et N. Terpstra, L’in-
                fanzia abbandonata cit. pour les XVI e  et XVII e  siècle, et à Luigi Cajani, L’assistenza ai
                poveri nella Toscana settecentesca, in Timore e Carità cit., pp. 185-210 pour le XVIII e
                siècle. Tous s’appuient sur L. Passerini, Storia degli stabilimenti di beneficenza cit.
                   10  B. Pullan, Poverty and charity: Europe, Italy, Venice, 1400-1700, Variorum, Alder-
                shot (GB), 1994.



                   Mediterranea - ricerche storiche - Anno XVII - Aprile 2020
                   ISSN 1824-3010 (stampa)  ISSN 1828-230X (online)
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