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Donner du travail aux pauvres : les logiques laborieuses dans les institutions...   101


                    celui d’une volonté de mainmise croissante du pouvoir séculier, politique,
                    voire d’une tentative de rationalisation, dont l’évolution est cependant
                    tout sauf linéaire . La première grande réforme est celle que lance Côme
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                    1  en 1542 : il donne alors à 5 puis à 12 Buonomini la mission de con-
                      er
                    trôler et de coordonner les plus de deux cents institutions hospitalières
                    qui existent au niveau territorial de son duché. Cette nouvelle magistra-
                    ture doit également autoriser la mendicité par la concession de licences
                    aux pauvres incapables de travailler, par ailleurs accueillis et nourris
                    dans les Hôpitaux. Elle doit aussi la défendre à tous ceux capables de
                    subvenir  à  leurs  besoins  par  leur  travail :  distinction  classique  entre
                    pauvres inhabiles et habiles.
                       Si cette mission est difficilement mise en œuvre et même abandonnée
                    en 1577 comme « trop grande entreprise » , le résultat le plus concret est
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                    de réorganiser le soutien à l’enfance dans la capitale en prenant la place,
                    et le nom, d’une plus ancienne institution, le Bigallo, destiné à recevoir
                    les enfants entre 3 et 10 ans (puis 2-16 ans), pour les éduquer à la reli-
                    gion et au travail, à l’âge précisément où ils sont trop grands pour les
                    orphelinats et trop petits pour les boutiques, se lamentent dès les années
                    1520-30 certains responsables urbains . Ce nouvel Hôpital des Aban-
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                    donnés est délibérément sélectif , au contraire du célèbre et plus ancien
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                    Hôpital des Innocents. Fondé, faut-il le rappeler, au XV  siècle, grâce à un
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                    don initial du célèbre marchand de Prato Francesco Datini en faveur de
                    l’Hôpital Santa Maria Nuova et lié à l’Art de la soie, il recueille les enfants
                    abandonnés avec régulièrement plus de 1000 « pensionnaires », plus de
                    3000 même à la fin du XVII  siècle . Il proclame par son titre même que
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                    la faute des parents ne doit pas retomber sur les enfants, ce qui est loin
                    d’être acquis tant l’équation entre abandon et bâtardise est commun. Ce-
                    pendant, les administrateurs sont conscients du fait qu’il y a, parmi tous
                    les abandonnés, de nombreux enfants légitimes qu’ils voudraient distin-
                    guer des bâtards .
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                       Pour les filles et femmes, les institutions se multiplient au XVI  siècle
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                    sous la forme de conservatoires dont certains se transforment ensuite
                    en  monastères :  celui  des  Fanciulle  abbandonate  au  milieu  du  XVI
                                                                                        e
                    siècle, qui devient celui du Ceppo, le Conservatorio della Pietà, fondé en


                       11  T. M. Safley (dir.), The reformation of charity. The Secular and the Religious in Early
                    Modern Poor Relief, Brill, Boston, 2003.
                       12   Asf,  Pratica  Segreta,  184,  c  641,  rescritto  granducale  20/03/1577  cité  par  D.
                    Lombardi, Poveri a Firenze cit., p. 169.
                       13  cf. R. C. Trexler, Public Life in Renaissance Florence, Academic Press, New York,
                    1980, pp. 16, 30, 42.
                       14  N. Terpstra, L’infanzia abbandonata cit., p. 72 e sgg.
                       15  P. Gavitt, Charity and Children cit..
                       16  On trouve la même volonté à Lyon comme l’a bien explicité M. Martinat, Travail et
                    apprentissage des femmes à Lyon au XVIIIe siècle, « MEFRIM », 123/1 ( 2011), pp. 11-24.


                                                 Mediterranea - ricerche storiche - Anno XVII - Aprile 2020
                                                           ISSN 1824-3010 (stampa)  ISSN 1828-230X (online)
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