Page 101 - Mediterranea-ricerche storiche, n. 48, aprile 2020flip
P. 101
Donner du travail aux pauvres : les logiques laborieuses dans les institutions... 101
celui d’une volonté de mainmise croissante du pouvoir séculier, politique,
voire d’une tentative de rationalisation, dont l’évolution est cependant
tout sauf linéaire . La première grande réforme est celle que lance Côme
11
1 en 1542 : il donne alors à 5 puis à 12 Buonomini la mission de con-
er
trôler et de coordonner les plus de deux cents institutions hospitalières
qui existent au niveau territorial de son duché. Cette nouvelle magistra-
ture doit également autoriser la mendicité par la concession de licences
aux pauvres incapables de travailler, par ailleurs accueillis et nourris
dans les Hôpitaux. Elle doit aussi la défendre à tous ceux capables de
subvenir à leurs besoins par leur travail : distinction classique entre
pauvres inhabiles et habiles.
Si cette mission est difficilement mise en œuvre et même abandonnée
en 1577 comme « trop grande entreprise » , le résultat le plus concret est
12
de réorganiser le soutien à l’enfance dans la capitale en prenant la place,
et le nom, d’une plus ancienne institution, le Bigallo, destiné à recevoir
les enfants entre 3 et 10 ans (puis 2-16 ans), pour les éduquer à la reli-
gion et au travail, à l’âge précisément où ils sont trop grands pour les
orphelinats et trop petits pour les boutiques, se lamentent dès les années
1520-30 certains responsables urbains . Ce nouvel Hôpital des Aban-
13
donnés est délibérément sélectif , au contraire du célèbre et plus ancien
14
Hôpital des Innocents. Fondé, faut-il le rappeler, au XV siècle, grâce à un
e
don initial du célèbre marchand de Prato Francesco Datini en faveur de
l’Hôpital Santa Maria Nuova et lié à l’Art de la soie, il recueille les enfants
abandonnés avec régulièrement plus de 1000 « pensionnaires », plus de
3000 même à la fin du XVII siècle . Il proclame par son titre même que
e
15
la faute des parents ne doit pas retomber sur les enfants, ce qui est loin
d’être acquis tant l’équation entre abandon et bâtardise est commun. Ce-
pendant, les administrateurs sont conscients du fait qu’il y a, parmi tous
les abandonnés, de nombreux enfants légitimes qu’ils voudraient distin-
guer des bâtards .
16
Pour les filles et femmes, les institutions se multiplient au XVI siècle
e
sous la forme de conservatoires dont certains se transforment ensuite
en monastères : celui des Fanciulle abbandonate au milieu du XVI
e
siècle, qui devient celui du Ceppo, le Conservatorio della Pietà, fondé en
11 T. M. Safley (dir.), The reformation of charity. The Secular and the Religious in Early
Modern Poor Relief, Brill, Boston, 2003.
12 Asf, Pratica Segreta, 184, c 641, rescritto granducale 20/03/1577 cité par D.
Lombardi, Poveri a Firenze cit., p. 169.
13 cf. R. C. Trexler, Public Life in Renaissance Florence, Academic Press, New York,
1980, pp. 16, 30, 42.
14 N. Terpstra, L’infanzia abbandonata cit., p. 72 e sgg.
15 P. Gavitt, Charity and Children cit..
16 On trouve la même volonté à Lyon comme l’a bien explicité M. Martinat, Travail et
apprentissage des femmes à Lyon au XVIIIe siècle, « MEFRIM », 123/1 ( 2011), pp. 11-24.
Mediterranea - ricerche storiche - Anno XVII - Aprile 2020
ISSN 1824-3010 (stampa) ISSN 1828-230X (online)