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102 Corine Maitte
1554, sans doute l’un des plus importants (320 femmes en 1558 ) ;
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celui de Santa Maria Vergine, de San Niccolò, des Malmaritate pour les
femmes mariées et prostituées – créé en 1579 ; celui de Sant’Annun-
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ziata, dit d’Orbetello, pour les filles mères ; celui de Santa Caterina,
pour les jeunes filles théoriquement âgées de plus de 18 ans, mais qui
en reçoit, semble-t-il, de nombreuses plus jeunes, en liaison avec le Bi-
gallo après 1615 ; celui des Convertite conçu pour recevoir celles qui
reviendraient à une vie plus pure , etc…Cette apparente spécialisation
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ne doit pas cacher le fait que les typologies établies sont régulièrement
subverties par des pratiques relativement indifférenciées qui tiennent
plus au hasard ou aux opportunités qu’aux classements précisés. Le
trait commun est néanmoins le caractère conventuel de ces fondations
promues pour l’essentiel par des confraternités laïques, mais dont les
liens avec la famille ducale sont néanmoins souvent forts. Paradoxale-
ment, les femmes potentiellement les plus démunies (les domestiques,
les gardiennes de bétail, les mendiantes ou celles atteintes de maux in-
curables) sont généralement exclues de ces structures .
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Ce sont les crises frumentaires, épidémiques et économiques bien
connues des années 1590-91 et 1619-22 qui vont pousser à imaginer des
solutions d’enfermement pour les pauvres. Parallèlement sont mises en
place des subventions pour les arts de la soie et de la laine, des mesures
de soutien à domicile pour les pauvres locaux, des mesures d’approvi-
sionnement... En 1621, au cœur de la crise, est officiellement fondée la
Pia Casa dei Mendicanti, sur initiative des milieux de la Cour. Elle est
alors censée regrouper tous les pauvres mendiants, selon un modèle dé-
veloppé alors un peu partout en Europe qui mêle assistance et répres-
sion. La référence à ce qui se fait ailleurs, notamment à Bologne, Rome,
Vérone, Venise, montre bien une circulation des idées et des pratiques
liées au paupérisme . Cependant, très vite, cette institution regroupe
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beaucoup plus de femmes que d’hommes, comme l’a montré l’étude fouil-
lée de Daniela Lombardi. Si les hommes dépassent encore la centaine
dans les années 1630, ils ne sont plus que 31 en 1650, 8 en 1681 sur
17 N. Terpstra, L’infanzia abbandonata cit., p. 81.
18 Cf. Asf, Bigallo, 1691 (pour le statut, seule chose connue cité par S. Cohen, Con-
vertite e Malmaritate. Donne “irregolari” e ordini religiosi nella Firenze Rinascimentale,
« Memoria. Rivista di storia delle donne », n° 5, 1982, pp. 46-63 et S. Cohen, The Evolu-
tion of Women’s Asylums Since 1500, New-York, Oxford, 1992). On y trouve à la fois des
prostituées, des femmes internées sur demande de leur famille, mais aussi certaines à
leur demande pour échapper à leur mari.
19 Voir L. Passerini, Storia degli stabilimenti di beneficenza cit., p. 648-58.
20 Selon une pratique que l’on retrouve ailleurs cf. M. Garbelotti, Per carità. Poveri e
politiche assistenziali nell’Italia moderna, Carocci editore, Roma, 2013, p. 125 et sgg.
21 Inutile ici de citer la très vaste littérature consacrée au « grand renfermement » du
XVII e siècle. Je renvoie à D. Lombardi, Poveri a Firenze cit., notamment p. 177 et sgg.
Mediterranea - ricerche storiche - Anno XVII - Aprile 2020
ISSN 1824-3010 (stampa) ISSN 1828-230X (online)