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ordinaires, voire sur la soie semi-ouvrée ; l’industrie lainière semble
quant à elle presque résiduelle . Certes, d’autres activités se dévelop-
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pent, en lien avec l’artisanat de luxe, les services, le bâtiment, mais la
ville est marquée, c’est le deuxième aspect, par une pauvreté dont les
responsables estiment de façon relativement constante qu’elle touche
un tiers d’une population urbaine, laquelle oscille, à l’époque mo-
derne, autour de 75000 habitants . Enfin, elle possède également une
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densité précoce d’institutions charitables, dans un mixte assez carac-
téristique de fondations, ecclésiastiques ou laïques, dans lequel les
autorités urbaines et surtout grand-ducales interviennent régulière-
ment . Ces institutions sont bien connues et les principales ont fait
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l’objet de différentes études sur lesquelles nous nous fonderons ici.
Malgré tout, le rôle de ces institutions dans le soulagement de la
pauvreté est difficile à évaluer. Il est ardu de connaître les effectifs des
secourus, les « recensements » n’ayant en général pas lieu en même
temps dans les établissements et n’étant pas effectués selon les
mêmes critères. Si l’on s’essaye à des mesures grossières, « à la
louche », il semble difficile d’avancer que plus de 2000 à 3000 per-
sonnes aient été assistées « en interne » par les différentes institutions,
soit moins de 3-4 % de la population, et, surtout, entre 4 et 10 % de
la population « pauvre » dont la définition est elle-même extrêmement
2 Idem et C. Maitte, La trame incertaine, le monde textile de Prato aux XVIII e et XIX e
siècles, Presses Universitaires du Septentrion, Villeneuve d’Ascq, 2001.
3 Ainsi en 1767, un recensement classe alors comme pauvres 37 % de la population
florentine (29301 sur 78635 habitants) cf. L. Passerini, Storia degli stabilimenti di be-
neficenza e d'istruzione elementare gratuita della città di Firenze, Le Monnier, Firenze,
1957, p. 87 et A. Contini, F. Martelli, Il censimento del 1767. Una fonte per lo studio della
struttura professionale della popolazione di Firenze, in “Ricerche storiche”, 1993, pp. 77-
121. On retrouve des proportions similaires durant la période française. Le recensement
effectué par la Congrégation de San Giovanni Battista à la toute fin du XVIII e siècle est,
lui, tout à fait exceptionnel, estimant alors que 70 % de la population (56918 personnes)
avait besoin de bons pour le pain cf. S. Woolf, Porca miseria. Poveri e assistenza nell’età
moderna, Laterza, Bari, 1988, p. 156.
4 La bibliographie est très importante : je ne citerai ici que les principaux, notam-
ment D. Lombardi, L’ospedale dei mendicanti nella Firenze del Seicento. ‘Da inutile ser-
raglio dei mendici a conservatorio e casa di forza per le donne’, «Società e storia», n° 24,
(1984), pp. 290-311, ici p. 301 et D. Lombardi, Poveri a Firenze: progetti e realizzazione
della politica assistenziale dei Medici tra XVI e XVII, in G. Politi, M. Rosa (a cura di),
Timore e carità. I poveri nell’Italia moderna, Cremona, 1982, pp. 165-184, et, surtout, D.
Lombardi, Povertà maschile, povertà feminile, l’ospedale dei Mendicanti nella Firenze dei
Medici, Il Mulino, Bologna, 1988; S. Woolf, Porca miseria cit.; P. Gavitt, Charity and
Children in Renaissance Florence: The Ospedale degli Innocenti, 1410-1536, University
of Michigan Press, Ann Arbor, 1990; Idem, Gender, Honor and Charity in Late Renais-
sance Florence, Cambridge university Press, Cambridge, 2011; N. Terpstra, L’infanzia
abbandonata nell’Italia del Rinascimento. Strategie di assistenza a confronto: Bologna e
Firenze, CLUEB, Bologna, 2014.
Mediterranea - ricerche storiche - Anno XVII - Aprile 2020
ISSN 1824-3010 (stampa) ISSN 1828-230X (online)