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Corine Maitte
DONNER DU TRAVAIL AUX PAUVRES : LES LOGIQUES
LABORIEUSES DANS LES INSTITUTIONS CHARITABLES
FLORENTINES AUX XVII ET XVIII SIECLE
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DOI 10.19229/1828-230X/4852020
RESUME: Cet article entend étudier non pas une institution en particulier, mais l’ensemble de
celles qui dominent la scène florentine pour comprendre quels rapports elles entretiennent avec
le travail et, si possible, quel est l’apport de ces établissements à la fois dans les marchés du
labeur citadins et dans celui des produits locaux. Il combine trois regards différents : celui des
gérants de ces institutions, celui des pouvoirs politiques, citadins et étatiques, et enfin celui de
ceux qui travaillent. L’article rappelle que le travail n’est pas si négligeable pour l’économie de
ces institutions. Il ne l’est pas non plus pour ceux et celles qui y sont soumis car il rythme leur
vie, dans les murs ou hors d’eux ; il leur permet parfois d’espérer la gagner. Les épisodes de
contestation, plus qu’un refus total du travail, concernent les formes de son organisation, de ses
horaires, et, surtout, le partage de ses fruits entre le travailleur et l’institution. Enfin, pour le
gouvernement, le travail dans ces institutions est aussi un moyen d’introduire des innovations
de produits et de techniques afin de stimuler des productions de substitution d’importations
capables de donner du travail aux pauvres.
MOTS-CLES: Institutions charitables- travail – histoire économique et sociale-Florence-Italie.
GIVING WORK TO THE POOR: LABORIC LOGIC IN FLORENTINE CHARITABLE INSTITUTIONS
ABSTRACT: This article studies not one institution in particular, but all those that dominate the Florentine
scene to understand how they relate to work and, if possible, what contribution these institutions make
to both urban labour markets and local products. It combines three different perspectives: that of the
managers of these institutions, that of political, urban and state authorities and finally that of those
who work. The article recalls that work is not so negligible for the economy of these institutions. Nor is
it for those who are subject to it because it sets the rhythm of their lives, inside or outside them; it
sometimes allows them to hope to win it. The episodes of contestation, more than a total refusal of
work, concern the forms of its organization, its schedules, and, above all, the sharing of its fruits bet-
ween the worker and the institution. Finally, for the government, working in these institutions is also
a way to introduce product and technological innovations to stimulate import substitution production
that can provide work for the poor.
KEYWORDS: Charitable institutions - work and labour - economic and social history - Florence-Italy.
La situation florentine présente pour notre sujet trois intérêts ma-
jeurs : premièrement, la centralité de l’industrie textile perdure à
l’époque moderne, mais dans une situation de concurrence interna-
tionale qui rend de plus en plus fragile la production lainière d’abord,
celle de la soie ensuite . Si cette dernière emploie encore plus de
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10 000 personnes dans la ville aux XVII et XVIII siècle, sa production
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néanmoins se rétracte en se concentrant sur les produits plus
1 Voir les travaux de P. Malanima, notamment La decadenza di un’economia cit-
tadina, Il Mulino, Roma, 1982.
Mediterranea - ricerche storiche - Anno XVII - Aprile 2020
ISSN 1824-3010 (stampa) ISSN 1828-230X (online)