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Donner du travail aux pauvres : les logiques laborieuses dans les institutions... 103
306 reclus . Quant aux femmes, ce sont pour l’essentiel des jeunes filles
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orphelines ou abandonnées : certaines ont été enlevées à la « mauvaise
influence » de leurs parents tandis que d’autres sont mises à l’abri de
maris trop violents : « toutes en somme pour les sauver des périls dans
lesquels elles pouvaient tomber en vivant dans leur liberté » . On re-
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trouve donc là un mélange courant entre celles qui sont contraintes et
forcées de vivre dans l’établissement, par leur famille ou par décision de
différentes autorités, et celles pour qui cela a pu être un choix.
En 1670-71 puis en 1677-78, l’administration grand-ducale tente une
nouvelle fois de réformer le système pour accroître la réclusion des men-
diants qui pullulent près des églises . Le remaniement général tente
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alors d’orienter chacun dans un établissement spécifique selon son âge
et sa condition : aux Innocenti, tous les enfants abandonnés de moins de
trois ans, au Bigallo les orphelins légitimes, dans la Pia Casa del Rifugio
ceux trouvés dans les rues ayant moins de dix-huit ans, dans l’Hôpital
des Mendicanti, tous les mendiants, selon sa vocation initiale de 1621,
dans les différents Conservatori, enfin, les femmes en danger . Néan-
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moins, le bando du 9 février 1678 n’enferme pas plus de 400 mendiants.
Comme un peu partout, les tentatives de détention restent très partielles,
concentrées sur les enfants et les femmes, étant donné le manque de
locaux, de finances et les réticences des intéressés.
Le projet de 1677-78 montre cependant l’intégration dans les plans
gouvernementaux d’un nouvel établissement, fondé dans les années
1650 dans l’entourage de l’Oratoire et de la famille du grand-duc, comme
l’a bien retracé Filippo Fineschi . La maison du refuge, qui prend ensuite
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le nom de Pia casa del rifugio de poveri fanciulli di S. Filippo Neri, est en
effet fondée en 1650 par Ippolito Francini, « excellent artisan de lunettes
dans les ateliers du grand-duc », selon Passerini, qui reçoit du cardinal
Leopoldo de Médicis un local destiné à recueillir les enfants trouvés dans
les rues. Après sa mort accidentelle en 1653, son “oeuvre” est reprise par
Benedetto Salvi et Filippo Franci, prêtre qui fonde officiellement l’Hôpital
le 1/11/1653. Ses 40 articles sont très rapidement approuvés dès le 8
22 D. Lombardi, Poveri a Firenze cit., p. 180.
23 D. Lombardi, L’ospedale dei mendicanti cit., p. 291.
24 Le recensement opéré en novembre 1677 en a compté 1382, soit moins de 2 % de
la population urbaine.
25 La géographie citadine de ces institutions est bien indiquée par la carte produite
par Daniela D. Lombardi, L’ospedale dei Mendicanti cit., p. 204.
26 Voir notamment F. Fineschi, I «Monellini» Della Quarconia. Controllo Pubblico e Di-
sciplinamento Dei Fanciulli in un Istituto Fiorentino Del Seicento.” In O. Niccoli (a cura di),
Infanzie. Funzioni Di Un Gruppo Liminale Dal Mondo Classico All’età Moderna, Ponte alle
Grazie, Firenze, 1993, pp. 252-286 et F. Fineschi, La Quarconia: assistenza e reclusione
a Firenze nel 17. Secolo; dottorato di ricerca in storia urbana e rurale, Università degli
studi di Perugia, 1993.
Mediterranea - ricerche storiche - Anno XVII - Aprile 2020
ISSN 1824-3010 (stampa) ISSN 1828-230X (online)