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106 Corine Maitte
modes d’organisation en sont très variés, se déployant de façon différente
pour les filles et les garçons, les enfants légitimes ou non, les femmes
plus ou moins perverties et les hommes, dans et hors les murs.
2. Le travail à l’intérieur des institutions
Si l’attention est ici portée sur les activités laborieuses internes à ces
institutions, il faut cependant rappeler qu’une partie des pauvres –sur-
tout les enfants des orphelinats– de ces institutions sont envoyés travail-
ler hors les murs. Passé le plus jeune âge et la mortalité terrible qui les
frappe , la démarche commune des administrateurs est de rendre les
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enfants utiles pour l’institution. La première tâche des plus jeunes est
donc d’aller quêter pour engranger les aumônes, en argent ou en nourri-
ture . Ensuite, les destinées des filles et des garçons divergent le plus
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souvent. Dans la plupart des institutions, après une éducation élémen-
taire dont on sait peu de choses, il s’agit de placer les garçons dans les
boutiques artisanales : le but est clairement de les faire travailler rapide-
ment. Dans une ville où le textile englobe encore 40 % de la population
mi XVI siècle, les boutiques de l’art de la laine ou de la soie constituent
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un réceptacle important pour tous ces jeunes qui ne sont donc pas for-
cément « apprentis » dans le sens où l’historiographie a longtemps consi-
déré ce terme. En effet, c’est à Florence que se développe, dès la seconde
moitié du XIII siècle, le terme de discipulus ad salarium qui indique bien
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à la fois l’apprentissage, mais aussi la rémunération, en vérité très faible,
des jeunes employés dans les boutiques qui sont d’abord de petits tra-
vailleurs . Dès lors, il faut distinguer deux canaux de l’apprentissage :
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35 Au XVIII e siècle, la mortalité des enfants recueillis aux Innocenti est de 80 %, selon
les données de l’institution. Par comparaison, la mortalité des enfants de l’Hôtel-Dieu
de Lyon envoyés en nourrice oscille entre 25% et 61,5% au XVIII e siècle selon l’âge au-
quel ils sont envoyés en nourrice cf. M. Garden, Lyon et les Lyonnais au XVIII e siècle,
Champs Flammarion, Paris, 1975, p. 65.
36 Comme l’a bien montré Terpstra, cela peut constituer un revenu important de ces
établissements : ainsi, en 1556, les aumônes représentent 67 % des revenus du con-
servatorio della Pietà dont 39 % ont été rapportées grâce aux tournées des filles cf. Terp-
stra, L’infanzia abbandonata, cit., pp. 161-163.
37 Cf. L. Marcello, Andare a Bottega. Adolescenza e Apprendistato Nelle Arti (Sec. XVI-
XVII), in O. Niccoli (a cura di), Infanzie. Funzioni Di Un Gruppo Liminale Dal Mondo Classico
All’età Moderna, Ponte alle Grazie, Firenze, 1993, pp. 231-251 ; voir aussi F. Franceschi,
Les enfants au travail dans l’industrie textile florentine des XIV e et XV e siècle, « Médiévales »,
30, 1996, pp. 69-82, ici p. 71 et Idem, I salariati in Ceti, modelli comportamenti nella società
medievale (secc. XIII-metà XIV). Atti del XVII convegno internazionale di Studio, Pistoia,
2001, pp. 175-201 ou encore La ‘grande’ manifattura tessile, in La trasmissioni dei saperi
nel Medioevo (secc. XII-XV). Atti del XIX Convegno internazionale di studio, Pistoia, 2005,
Mediterranea - ricerche storiche - Anno XVII - Aprile 2020
ISSN 1824-3010 (stampa) ISSN 1828-230X (online)