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                3. L’importance du travail de la soie au sein des institutions

                   Il faut d’abord faire un constant étrange, celui du silence des études
                sectorielles concernant la soie sur la production de ces institutions,
                comme si les sources étant d’une nature toute autre que celles habi-
                tuellement mises en œuvre par les historiens économistes, ils ne s’en
                étaient pas préoccupés. Pourtant, les institutions peuvent être actives
                dans les trois phases principales du travail initial de la soie, comme
                l’ont été d’ailleurs précocement à Florence les couvents de femmes  :
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                tirage, notamment à partir du moment où l’élevage des vers à soie et
                la production de cocons augmentent fortement sous l’influence de la
                politique grand-ducale, dévidage et renvidage, objets d’importantes in-
                novations à l’époque moderne, et filature, qui reste uniquement ma-
                nuelle, même si cela n’empêche pas non plus un certain nombre d’évo-
                lutions techniques . Ces opérations sont à la fois essentielles, dange-
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                reuses pour la santé et les moins rémunérées du secteur. Partout, elles
                sont  le  fait  des  filles  et  des  enfants.  La  concentration  d’une  main-
                d’œuvre contrainte dans les établissements de charité est évidemment
                une aubaine pour les entrepreneurs du secteur.
                   Dans les plus grandes institutions, comme dans les couvents, le
                travail de la soie est organisé en véritables « laboratoires » surveillés
                par des maîtresses. Elles enseignent, organisent, enregistrent le la-
                beur des filles qui sont sous leur responsabilité, comptabilisent les
                matières qui entrent et qui sortent, rendent compte de l’ensemble des
                activités . Il est bien sûr logique de trouver de telles activités dans
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                l’Hôpital des Innocents qui entretient des liens consubstantiels avec
                l’Art de la soie . Et pourtant, l’activité semble péricliter dans la se-
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                conde moitié du XVII  siècle, malgré des relances régulières, d’autant
                                    e
                qu’elle est peu prisée des filles. Selon le Spedalingo Grazzini, en 1687,
                seules 60 filles sur les 800 présentes travaillent dans le renvidage. Ce
                sont les plus misérables, celles qui ne peuvent faire autre chose, faute
                d’aides extérieures notamment. Il est alors logique que l’on constate
                une diminution des revenus de cette activité, en baisse des deux tiers
                par  rapport  à  1643,  à  en  croire  ce  responsable.  Crise  de  la  soie,


                XII, 1982, p. 43 : le recensement indique alors que 45 % de la main-d’œuvre a moins de
                quinze ans.
                   43  S. T. Strocchia, Nuns and nunneries, cit.
                   44  C. Poni, Piccole innovazioni e filatoi a mano: Venezia (1550-1600), in Studi in me-
                moria L. dal Pane, Bologna, 1982, pp. 371-389.
                   45  N. Terpstra, L’infanzia abbandonata cit., p. 171-174.
                   46  L. Sandri, L’attività di banco di deposito dell’Ospedale degli Innocenti di Firenze,
                Don Vincenzo Borghini e la ‘bancarotta’ del 1579, in L’uso del denaro. Patrimonio e am-
                ministrazione nei luoghi pii e negli enti ecclesiastici in Italia (secoli XV-XVIII), Il Mulino,
                Bologna, 2001, p. 166.



                   Mediterranea - ricerche storiche - Anno XVII - Aprile 2020
                   ISSN 1824-3010 (stampa)  ISSN 1828-230X (online)
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