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de Florence . On trouve là un exemple des circulations de produits
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relativement fréquentes entre institutions caritatives et équipements
militaires.
Ce double privilège n’est pas le seul avantage accordé à la Pia
casa qui reçoit également la concession, contre une faible somme, de
la pinède granducale du Tombolo située dans la Maremme grosse-
tane et qui constitue le principal fournisseur toscan de pignons de
pins. S’agit-il d’un travail anecdotique ? Pas vraiment puisqu’il occupe
en interne ceux qui n’ont pas été placés en boutique, y compris les
plus jeunes qui cassent les coques : rémunérés à la pièce, ils peuvent
ainsi se payer leur repas. Ce labeur manifestement ingrat constitue,
estiment les administrateurs, une incitation pour aller en boutique
dès qu’ils le peuvent .
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Ainsi trouve-t-on parmi ces activités privilégiées un ensemble de tra-
vaux variés, pas forcément très novateurs, mais en partie au moins ré-
munérateurs pour la Pia casa, si ce n’est pour les enfants, même si les
bilans comptables sont pour l’heure impossible à dresser. Il faut souli-
gner qu’au moment même où les administrateurs toscans dénoncent
les privilèges comme des monopoles néfastes qu’il convient de limiter
au maximum, ils continuent de les concéder comme ressources pour
les institutions caritatives. La Congrégation de San Giovanni en a d’ail-
leurs bénéficié dès sa création puisqu’elle obtient en 1702 un privilège
pour la fabrication des tissus de laine et de coton et, en 1707, elle est
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conçue comme l’instrument d’introduction en Toscane des métiers à
tisser à la hollandaise, dans la perspective mercantiliste d’introduire
des innovations techniques performantes –selon ce qu’avait préconisé
Baldigani dans son rapport précédemment cité. Les directeurs sont at-
tirés de l’étranger pour « tenter de donner vie et nom aux manufac-
tures » selon un schéma qui remonte au moins au XVI siècle.
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En effet, c’est depuis la fin du XVI siècle au moins, que le grand-
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duc confère des privilèges à des institutions pieuses dont il est souvent
difficile cependant de suivre la mise en œuvre, les effectifs concernés,
les profits retirés. Le premier dont on a pu trouver trace est celui con-
cédé en 1582 pour les Innocenti afin de faire des tapis, des tapisseries
61 Apclf, 388. La Pia casa del Rifugio récupère alors un privilège initialement donné
aux Mendicanti, comme on le verra ci-dessous. Délaissé par cette institution, il est repris
par un entrepreneur privé avant de revenir dans l’escarcelle de la Pia Casa.
62 Apclf, Orfanotrofio di San Filippo Neri, Affari Diversi, 1, 1700. Le travail dure jusque
23 heures en été et 3 heures de la nuit l’hiver…Seuls les plus petits qui ne pourraient
pas se payer à manger grâce à leur travail sont nourris avec du pain, de la soupe, quel-
ques fruits et un peu de vin.
63 L. Passerini, Storia degli stabilimenti di beneficenza cit.
Mediterranea - ricerche storiche - Anno XVII - Aprile 2020
ISSN 1824-3010 (stampa) ISSN 1828-230X (online)