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Donner du travail aux pauvres : les logiques laborieuses dans les institutions... 113
(de divers types) à la calabraise avec du poil de chèvre du pays : il
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s’agit bien d’une imitation de substitution dont le but est, qui plus est,
d’utiliser de la matière première locale pour abaisser les coûts. Il
semble bien que le laboratoire ait été ouvert, même s’il est impossible
de savoir combien de temps il perdura .
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Ce sont surtout les Mendicanti qui reçoivent, au XVII siècle, un cer-
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tain nombre de privilèges en tant qu’institution. Ainsi, dans les années
1630, leur est concédé le privilège de faire des « calze alla Fabriana e
calzeroni » de Mantoue : encore une substitution d’importation, qui con-
cerne cette fois les chausses tricotées dont le développement est alors
rapide. Ce privilège est concédé par Ferdinand II contre la volonté même
du provveditore de l’institution pour qui cette activité risque d’être
moins lucrative que celle du renvidage de la soie que les filles peuvent
commencer à faire dès 6-7 ans . C’est sans doute la raison pour la-
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quelle la production de bas est assez rapidement donnée en gestion à
un drapier de Sesto , au profit du développement en interne du renvi-
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dage de la soie qui constitue une part croissante des revenus de l’insti-
tution, on l’a dit. Trente ans plus tard, en 1674-77, c’est le privilège des
rubans de soie à la française qui est introduit sous la direction de Vit-
torio Rossi. Celui-ci fait installer dans ce but 32 métiers dans les salles
de l’institution. L’entreprise a manifestement du succès puisque ce sec-
teur est agrandi à partir de 1692 sous la direction de Raimondo Bugnet,
directeur français, qui installe 9 métiers supplémentaires pour les ru-
bans ras comme ouvrés, s’engage à enseigner aux garçons et à les payer
au « juste prix ». On est alors en pleine période de développement des
métiers à bas et il s’agit là vraisemblablement d’une double innovation :
de produit et de technique . Enfin, en 1682, est introduit le « point à la
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façon de Venise », là encore sur vouloir du grand-duc : une maitresse
vénitienne, accompagnée d’une fillette, est alors recrutée. Elle apprend
à six filles de la maison à réaliser ces dentelles très à la mode dans des
pièces installées au rez-de-chaussée . Rappelons que vingt ans aupa-
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ravant, Colbert a lui aussi tenté de développer en différents lieux du
64 « Di far tappeti, celoni, arazzi stamigne et albagi alla calavrese col pelo di capra ».
65 P. Gavitt, An Experimental Culture : The Art of the Economy and Economy of Art
under Cosimo I and Francesco I, in K. Eisenbichler (a cura di), The Cultural Politics of
Duke Cosimo I de Medici, Ashgate, Aldershot, 2001, p. 205-221 ; M. F. Leuzzi, Vincenzo
Borghini spedalingo degli Innocenti : la nomina, il governo, la bancarotta, in Fra lo Spedale
e il principe : Vincenzo Borghini, filologia e invenzione nella Firenze di Cosimo I, Il
Poligrafo, Padova, 2005, pp. 37-64.
66 D. Lombardi, Povertà maschile, povertà feminile cit., p. 164.
67 D. Lombardi, Poveri a Firenze cit., note 38, p. 179.
68 Sur l’industrie des rubans, voir notamment Andrea Caracausi, Nastri, nastrini,
cordelle. L’industria serica nel Padovano, secc. XVII-XIX, Cleup Editrice, Padova, 2004.
69 D. Lombardi, Povertà maschile, povertà feminile cit., p. 169.
Mediterranea - ricerche storiche - Anno XVII - Aprile 2020
ISSN 1824-3010 (stampa) ISSN 1828-230X (online)