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94 Andrea Caracausi, Corine Maitte
remboursement des frais de vivre et d’habillement, donné en partie
aux familles (Pellegrino), thésaurisé pour constituer de futures dots
pour les filles.
Le but de ce numéro est donc de commencer à combler le manque
relatif de recherche sur les aspects proprement économiques de ces
institutions charitables en observant leur fonctionnement du point de
vue du travail.
Dans un article consacré aux principales institutions charitables
s’occupant des pauvres et des orphelins à Florence, Corine Maitte
tente de combiner sur le travail trois types de regards : celui des gé-
rants des établissements, celui des pouvoirs publiques et enfin celui
des internés. Elle se concentre sur le travail interne qui reste fonda-
mental à la fois pour les institutions, dont certaines tirent plus de
40 % de leurs revenus du labeur de leurs membres, pour l’économie
urbaine, qui y trouve un élément de diversification et de flexibilité im-
portant, pour le gouvernement qui accorde à partir du XVI siècle un
e
certain nombre de privilèges productifs à ces institutions dans la ges-
tion desquelles il intervient fréquemment. Enfin, devant les difficultés
concrètes de l’enfermement, l’idée commence à se développer, notam-
ment dans les cercles jésuites ou oratoriens, que le problème de la
pauvreté en général et de la mendicité en particulier n’est pas seule-
ment l’oisiveté choisie des pauvres, mais la difficulté pour beaucoup
d’entre eux de trouver un travail et d’en vivre : d’où l’action originale
de la Congrégation de San Giovanni qui, au XVIII siècle, distribue de
e
plus en plus largement le travail au domicile des familles secourues
dans le cadre des sestieri.
Un orphelinat de la ville de Padoue dans la première moitié du
XVII siècle est au centre de l’attention d’Andrea Caracausi. L’institu-
e
tion – il Pio Luogo degli Orfani Nazzareni – se présente comme une vraie
« proto-fabrique » pour la production de deux spécialisations locales
(les rubans et les articles de bonneterie tricotée) gérée par un nombre
très restreint de marchands-entrepreneurs, également responsables
ou cassiers de l’établissement lui-même. Grâce à l’absence d’une cor-
poration des rubaniers, les marchands-fabricants confient une partie
de leur production à l’institution, dans une forme concentrée de la
production, en se chargeant de fournir les semi-finis et d’acheter la
production finale à des prix inférieurs par rapport aux tisseurs et tis-
seuses à domicile. Les productions s’insèrent ainsi dans un réseau de
marchés de vente qui va au-delà des murs urbains et rejoint des es-
paces inter-régionaux et internationaux. La variété des formes de tra-
vail existant (en tenant compte également du travail salarié des
maîtres) et la multiplicité des rémunérations, quand elles sont
Mediterranea - ricerche storiche - Anno XVII - Aprile 2020
ISSN 1824-3010 (stampa) ISSN 1828-230X (online)